Dans la séance du
31 janvier 2001 de son cours L’Orientation
lacanienne, Jacques-Alain Miller dit ceci :
“(...) Je
retrouve ça, que j’avais souligné, il n’y a pas longtemps, dans Encore, chapitre VIII, page 85, la
phrase qui dit que « le
réel ne saurait s’inscrire que d’une impasse de la formalisation ». Cela pourrait faire croire que l’on va
ailleurs par là, que l’on sort par là du symbolique.
Mais, tel que je
m’efforce de vous y amener pas à pas, cela veut dire tout autre chose. Dans
cette définition-là du réel qui donnerait la clé de la fin de l’analyse, le
symbolique domine, le réel entendu ainsi est conditionné par la mise en forme,
par la formalisation de la signifiance, par la formalisation du rapport
signifiant / signifié, et la formalisation algorithmique du signifiant et du
signifié.
Est-ce que cela
permet de dire que l’on accède au réel par cette voie ? Est-ce que ça ne serait
pas plutôt le contraire ?
C’est là que l’on
s’aperçoit que, dans Encore, dans le
mouvement même où il définit le réel par l’impasse de la formalisation, Lacan
dit que par là le réel accède au symbolique.
Il ne dit pas du
tout que par la voie de l’impasse le symbolique accède au réel. Il dit
bizarrement, parce que rien ne l’explique, que c’est bien plutôt par là que le
réel accède au symbolique.
Vous le lirez,
page 86 : « la
trace de ces écrits, où saisir les limites, les points d’impasse, de sans
issue, qui montrent le réel accédant au symbolique ».
Eh bien, ce n’est
pas la même chose que de dire que ça montre le symbolique accédant au réel. C’est
déjà impliquer que ça constitue en fait une réduction symbolisante du réel.”
Au contraire,
nous trouvons dans l’enregistrement de la séance du 20 mars 1973 du Séminaire Encore et dans la version Staferla du
même Séminaire, Lacan dire ceci :
“le
réel ne saurait s’inscrire que d’une impasse de la formalisation. Et c’est en
quoi j’ai cru pouvoir en dessiner le modèle de la formalisation mathématique, (...).
(...) ne peut-on
pas dire que ce réseau si loin poussé de la logique mathématique, (...) ce qui
s’énonce de cette formalisation si bien faite à ne se supporter que de l’écrit,
soit quelque chose qui ne nous servirait, s’il le fallait, dans le procès
analytique, que de ce que s’y désigne ça qui retient les corps invisiblement ?
Et s’il m’était
permis d’en donner une image, je la prendrais aisément de ce qui, dans la
nature, paraisse le plus s’en rapprocher, de ce qui fait que l’écrit exige en
quelque sorte cette réduction aux dimensions deux de la surface, (...) c’est à
savoir le travail de texte qui sort du ventre de l’araignée, la toile d’araignée
– fonction vraiment
miraculeuse à voir en quelque sorte s’en supporter déjà en ce point opaque de
cet étrange être, les paraîtres de la surface elle-même, celle qui pour nous
permet le dessin de la trace de ces écrits qui sont, en fin, le seul point où
nous trouvions saisissables ces limites, ces points d’impasse, de « sans-issue
» qui – le
réel – le font entendre comme s’accèdant du symbolique à son point le plus
extrême.”
On voit bien : Jacques-Alain Miller
fait dire à Lacan que le réel accéde au symbolique, tandis que, en fait, Lacan
dit le contraire, c’est-à-dire, que c’est à partir du symbolique, par une
impasse logique, qu’un accès serait frayé au point le plus extrême du réel.
L’image de la toile d’araignée nous
suggère déjà la définition du symbolique en tant que trou, par rapport auquel
le réel est à la fois ex-sistent et retenu dans le nouage borroméen.
Ce qui est pire, c’est que
Jacques-Alain Miller énonce dans son cours de l’Orientation lacanienne des choses erronées sur Lacan à partir de
ses transcriptions erronées du Séminaire. Par exemple, il dit dans son cours du 31 janvier 2001 que le
réel dans le noeud borroméen n’est plus le réel dont il s’agit quand Lacan dit en
1966 : « a est de l’ordre du réel »,
mais un réel qui se trouve ravalé au point qu’il faut l’appeler « un faux réel » !
Bien évidemment, ce qui est faux, c’est sa lecture de Lacan !
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