En ce qui
concerne des erreurs millériennes de transcription du Séminaire de Lacan, on
pourrait se dire, comme Picasso le dit et comme Lacan aime le citer, que « je ne cherche pas, je trouve ».
A tous ceux qui
lisent le Séminaire de Lacan, je voudrais vraiment souligner qu’on ne peut absolument
pas en lire la version millérienne sans la confronter avec la version Staferla.
Dans son
Séminaire Encore, Lacan nous présente
cette formule célèbre que Jacques-Alain Miller transcrit comme ceci : «
la jouissance de l’Autre, de l’Autre avec un grand A, du corps de l’Autre qui
le symbolise, n’est pas le signe de l’amour » (p.11). En fait, Lacan l’énonce comme
ceci : « la jouissance de l’Autre, de l’Autre avec – (...) je vous ai
assez rebattu les oreilles de ce grand A qui vient après, vu que maintenant il
traîne partout, ce grand A mis devant l’Autre, plus ou moins opportunément d’ailleurs,
[ puisque ] ça s’imprime [ parfois ] à tort et à travers – la jouissance de l’Autre,
du corps de l’Autre qui Le – lui aussi avec un grand L – du corps de l’Autre
qui Le symbolise, n’est pas le signe de l’amour » (p.8, version Staferla).
Ah ! Quelle omission de la part de Jacques-Alain Miller !
Maintenant, on peut écrire cette formule comme
ceci : « la jouissance de l’Autre, du corps de l’Autre qui Le symbolise, n’est
pas le signe de l’amour ».
Alors, ce « Le » avec un grand L que Lacan souligne
exprès, que veut-il dire sinon ceci ? : que l’Autre dont il s’agit
n’est plus la Mère même si Lacan dit que l’Autre en tant que lieu du signifiant
est la Mère (cf. Écrits, p.813), mais Dieu le Père, ce sur quoi Lacan ne cesse pas
de s’interroger avec le terme de Nom-du-Père.
En effet, Lacan parle du Christ dans la séance du 8 mai 1973 en disant
que « la doctrine chrétienne ne parle que de l’incarnation de Dieu dans un
corps » et que « le Christ, même ressuscité, vaut par son corps, et son corps [ l’Eucharistie
] est le truchement par où la
communion à sa présence est in-corps-poration, pulsion orale, dont l’épouse du
Christ, l’Église comme on l’appelle, se contente fort bien, n’ayant rien à
attendre d’une copulation » (p.102 dans la version millérienne du Séminaire XX,
p.262 dans la version Staferla). Et un peu après, Lacan dit encore ceci : «
Il y a là [ au niveau de la jouissance copulatoire ] un trou, et ce trou s’appelle
l’Autre, (...) l’Autre en tant que lieu où la parole fonde la vérité et avec
elle le pacte qui supplée à l’inexistence [ ex-sistence ] du rapport sexuel »
(p.103 dans la version millérienne, p.264 dans la version Staferla).
L’Autre en tant que trou, c’est le « manque dans l’Autre,
inhérent à sa fonction même d’être le trésor du signifiant. (...) Le manque
dont il s’agit est bien ce que nous avons déjà formulé : qu’il n’y ait pas
d’Autre de l’Autre » (Écrits, p.818).
Puisque le mathème du manque dans l’Autre est le Ⱥ, nous
pourrions écrire l’Autre en tant que trou comme ceci : l’Ⱥutre.
Que l’Ⱥutre n’existe pas veut dire que le Nom-du-Père forclos
est « la plage » dont « le réel (...) “réalise” sans doute le rapport [ sexuel
] » (Autres écrits, p.460), ce qui
voudrait dire qu’Il (avec un grand I ) est la place de l’ex-sistence, c’est-à-dire
la place de la vérité ex-sisitente dans les quatre discours.
Avec la formule : « la jouissance de l’Ⱥutre, du
corps de l’Ⱥutre qui Le symbolise, n’est pas le signe de l’amour », Lacan s’interroge
déjà sur « la jouissance de Dieu » (Séminaire XXIII, p.61 dans la version millérienne,
p.59 dans la version Staferla).
Et la réponse de Lacan est très simple
et claire : l’Ⱥutre « qu’on appelle généralement Dieu, (...) l’analyse [
en ] dévoile que c’est tout simplement La
femme » (Séminaire XXIII, p.128 dans la version millérienne, p.173 dans la
version Staferla).
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