La topologie des Noms-du-Père
La table :
§ 1. Une introduction brève de l’ontologie
apophatique et de sa topologie
§ 2. Les Noms-du-Père au pluriel
§ 3. Le Nom-du-Père en tant que support de
la fonction symbolique
§ 4. Le Nom-du-Père en tant que signifiant
de la Loi
§ 5. Le Nom-du-Père en tant qu’agent de la
métaphore paternelle
§ 6. La
forclusion méthodique du Nom-du-Père dans l’expérience psychanalytique
Après avoir été empêché de continuer son Séminaire
sur Les Noms-du-Père à cause de son « excommunication » de
l’IPA au mois de novembre 1963, Lacan nous déclare à plusieurs reprises qu’il
n’en parle plus jamais (par exemple, la séance du 11 mars 1970 du Séminaire XVII,
celles du 3 mars et du 14 juin 1972 du Séminaire XIX et celle du 13 novembre
1973 du Séminaire XXI). Mais en fait, il en parle, et même beaucoup, sous des
formes diverses du signifiant maître S1 des quatre discours, de la
fonction phallique non-Φ des formules de sexuation et du quatrième rond de ficelle du nœud borroméen
à quatre, ce qui nous suggère que le Nom-du-Père reste toujours un des concepts
cruciaux de tout l’enseignement de Lacan. Le présent travail a pour but de nous
interroger de nouveau sur le Nom-du-Père et les Noms-du-Père, et ce à partir de
l’ontologie apophatique et de sa topologie en tant que fondement pur de la
psychanalyse.
§ 1. Une introduction brève de l’ontologie apophatique et de sa topologie
L’ontologie apophatique en tant que fondement pur
de la psychanalyse est une topologie du trou — ce trou irréductible, à la fois archéologique
et eschatologique, de l’être.
Fig. 1 : das durchgekreuzte Sein [ l’ « être » barré d’une croix ]
Rayer le mot « Sein » [ être ] d’une
croix (cf. la figure 1), c’est une invention de Heidegger qui l’a fait pour la « destruction »
de l’ontologie métaphysique qui cachait l’être (cf. la section 6 de son Être et temps), par laquelle destruction ce trou irréductible
et archéologique (cf. la figure 2) se dévoile dans un « ἀποφαίνεσθαι τὰ φαινόμενα » (laisser avoir lieu ce qui se dévoile tel qu’il veut se dévoiler de
lui-même). Et je suppose que c’est à partir du « Sein »
heideggérien que Lacan a inventé son mathème du sujet barré $ et son
terme apophatico-ontologique de « manque-à-être ».
Fig. 2 : le trou irréductible de l’
Ce que Heidegger appelle Histoire de l’être
[ die Geschichte des Seyns ] se résumerait comme suit : 0) dans la
phase archéologique de l’Histoire de l’être, le trou qu’on appellera
trou de l’être ou trou du sujet $ était ouvert ; 1) au
commencement de la phase métaphysique, ce trou a été obturé par des
signifiants-maîtres métaphysiques (l’ἰδέα comme τὸ ὄντως ὄν, τὸ ὂν ᾗ ὄν, ens qua ens, etc.) qui refoulaient (ce que Freud appelle Urverdrängung :
archi-refoulement) et cachaient le trou du sujet $ dans la place de ce
qui ne cesse pas de ne pas s’écrire (c’est-à-dire la place ex-sistente de l’impossible) ;
2) dans l’actuelle phase eschatologique où les signifiants-maîtres métaphysiques
ont perdu leur effet obturateur, le trou de l’être (le trou du sujet $,
le trou du manque-à-être ou le trou apophatico-ontologique) veut se rouvrir
comme le trou du néant, de la mort, de la culpabilité et du désir (toutes ces
formes du trou qui s’est signifié au fondateur de la psychanalyse pour qu’il le
découvre au « noyau de notre être »), mais s’y opposent des formes diverses
de la résistance véhémente et désespérée à cause de l’angoisse intolérable
devant ce trou.
Alors la psychanalyse consisterait à faire
renoncer à ce qui sert de résistance pour que le désir se sublime pour devenir
le désir sublimé de l’analyste (ce que Lacan appelle simplement « désir de
l’analyste » dans son Séminaire XI Les quatre concepts fondamentaux de
la psychanalyse), et ce pour autant que « seul l’amour-sublimation
permet à la jouissance de condescendre au désir » (la séance du 13 mars
1963 du Séminaire X L’angoisse). La fin de l’analyse est la fin
eschatologique dans la jouissance sublimatoire, non pas la fin téléologique
dans la jouissance phallique dont Freud suppose la réalisation dans l’organisation
génitale, ce stade final de la maturation libidinale. La jouissance phallique
n’est qu’une fictive εὐδαιμονία aristotélicienne.
§ 2. Les Noms-du-Père au pluriel
Comme on le sait, dans le texte D’une
question préliminaire à tout traitement possible de la psychose qu’il a
écrit pendant les vacances de Noël 1957-1958 à partir de son Séminaire sur Les
psychoses (1955-1956), Lacan parlait du Nom-du-Père au singulier, tandis
qu’à partir du Séminaire prévu pour l’année scolaire 1963-1964, il met en
question les Noms-du-Père au pluriel.
Alors combien y en a-t-il ? La réponse ne
peut pas être univoque, mais je dirai 5, c’est-à-dire 4 plus 1.
Quatre selon les quatre places dans les quatre
discours, dans chacune desquelles peut se placer le signifiant maître S1
qui est le mathème du Nom-du-Père.
En plus, dans son Séminaire XXII R.S.I.
(1974-1975), Lacan appelle Nom-du-Père le quatrième rond de ficelle du nœud
borroméen à quatre (cf. la figure 3), c’est-à-dire ce rond qui noue de façon
borroméenne les trois autres ronds du symbolique, de l’imaginaire et du réel (comme
l’impossible [1]).
Dans son Séminaire XXIII Le sinthome (1975-1976), il l’appelle aussi sinthome [2] ou tout
simplement symptôme, et il lui donne le mathème Σ. Puisque ce quatrième rond permet le nouage borroméen, nous appellerons sa
fonction nodalité, ce terme étant utilisé par
Lacan dans son Séminaire XXI Les non-dupent errent (1973-1974).
Fig. 3 : le nœud borroméen à quatre
§ 3. Le Nom-du-Père en tant que support de
la fonction symbolique
D’abord, dans son Rapport de Rome (1953), Lacan
définit le Nom-du-Père comme « le support de la fonction symbolique »
(Écrits, p.287).
Une définition simple et claire...? Mais que voudraient
dire cette « fonction symbolique » et son « support » ?
Le symbolique, nous savons que Lacan le définira dans
son Séminaire XXII R.S.I. (1974-1975) comme le trou, et qu’à ce moment-là
l’imaginaire sera défini comme la consistance, le réel-impossible comme
l’ex-sistence et le Nom-du-Père comme le quatrième rond de nodalité
qui noue de façon borroméenne les trois autres (cf. la séance du 11 février
1975). Et en nous suggérant le schéma du nœud borroméen à quatre avec la
configuration de double boucle du symbolique et du Nom-du-Père (cf. la figure
4), il dit dans la séance du 15 avril 1975 ceci : qu’il y ait quatre ronds,
« c’est ce qui dans cette double boucle supporte le symbolique de ce
pourquoi en effet il est fait, à savoir le Nom-du-Père ». Dans cette
phrase un peu compliquée, nous pouvons retrouver le Nom-du-Père en tant que
« support de la fonction symbolique ». Autrement dit, le symbolique
comme le trou fait la différence entre l’imaginaire et le réel, tandis que le
Nom-du-Père comme la nodalité fait le nouage entre l’imaginaire et le réel.
Fig. 4 : le nœud borroméen à quatre
avec le double boucle du symbolique et du
Nom-du-Père
Mais nous pourrions nous demander aussi :
que voudrait dire « la fonction symbolique » dans l’enseignement de
Lacan au moment de son Rapport de Rome, bien avant la définition topologique du
symbolique comme le trou ? Ce n’est pas tellement évident, puisque à ce
moment-là Lacan ne nous donnait pas de définition claire de sa triade.
Ma supposition est qu’au commencement de l’enseignement
de Lacan la définition relativement simple de sa triade était ceci : le
réel est l’être du sujet ; l’imaginaire est ce qui cache le réel du sujet ;
et le symbolique est ce qui représente le réel du sujet qui est caché par l’imaginaire.
Par exemple, le moi imaginaire cache le
réel du sujet, et c’est pourquoi Lacan parle de l’ « inertie »
(Écrits, p.11) qu’ont
des éléments imaginaires dans la psychanalyse. Ce qui est inerte fait de la
résistance contre le processus analytique.
Par contre, le symptôme dont Lacan dit
dans le Rapport de Rome que « le symptôme est structuré comme un langage »
(ibid., p.269), a la fonction du signifiant qui représente le sujet, et
c’est cette fonction symbolique qui nous rend l’analyse possible.
Donc nous pourrions dire que la fonction
symbolique est ce qui fait qu’un signifiant représente le sujet pour un autre
signifiant [3].
Alors que serait « le support de la
fonction symbolique » sans lequel il n’est pas possible qu’un signifiant
représente le sujet pour un autre signifiant ? La réponse se retrouve dans
ce passage de la Subversion du sujet (ibid., p.819) :
Pour nous,
nous partirons de ce que le sigle S(Ⱥ) articule, d’être d’abord un signifiant. Notre définition du signifiant
(il n’y en a pas d’autre) est : un signifiant, c’est ce qui représente le sujet
pour un autre signifiant. Ce signifiant [ S(Ⱥ) ] sera donc le signifiant pour quoi tous
les autres signifiants représentent le sujet : c’est dire que faute de ce
signifiant [ S(Ⱥ) ],
tous les autres ne représenteraient rien. Puisque rien n’est représenté que
pour.
Or la
batterie des signifiants, en tant qu’elle est, étant par là même complète, ce
signifiant [ S(Ⱥ) ] ne
peut être qu’un trait qui se trace de son cercle sans pouvoir y être compté.
Donc c’est le S(Ⱥ) — le « signifiant du manque dans l’Autre » (Écrits, p.818) — qui est le Nom-du-Père en tant que support de la fonction symbolique.
Du point de vue topologique, le S(Ⱥ) est le cercle qui délimite le lieu de
l’Autre en tant que trésor du signifiant, c’est-à-dire son bord (cf. la figure
5).
Fig. 5 : le lieu de l’Autre et son bord S(Ⱥ)
Mais ce bord du disc du lieu de l’Autre en
tant que trésor du signifiant est aussi le bord de la bande de Möbius pour
autant que l’identification du bord du disc et du bord de la bande de Möbius fait
la surface close que Lacan appelle cross-cap (cf. la figure 6).
Dans la topologie du cross-cap, nous pouvons
distinguer ces quatre éléments (cf. la figure 6) :
1) la consistance
du disc (autrement
dit de la sphère trouée, étant donné que le disc et la sphère trouée sont
homéomorphes l’un à l’autre) du lieu consistant de l’Autre (coloré en
bleu) ;
2) l’ex-sistence
de la bande de Möbius qui correspond à la localité ex-sistente du sujet $
(colorée en rouge) ;
3) le trou
Ⱥ (coloré en jaune) qui
s’ouvre dans le lieu de l’Autre, et qui fait la différence (cf. la
figure 3) entre le lieu de l’Autre (la consistance) et la localité du sujet $
(l’ex-sistence) ;
4) la nodalité
du bord S(Ⱥ)
(coloré en vert) qui joint la sphère trouée (le lieu de l’Autre) et la bande de
Möbius (la localité du sujet $) pour constituer la surface close du
cross-cap. Et ce bord S(Ⱥ) est
aussi le bord du trou Ⱥ.
Fig. 6 : la topologie du cross-cap
Ainsi nous pouvons
retrouver là les quatre éléments du nœud borroméen à quatre (cf. les figures 3
et 4) : la consistance de l’imaginaire, l’ex-sistence du réel-impossible,
le trou (la différence) du symbolique et la nodalité du Nom-du-Père (ou du
sinthome).
Le Nom-du-Père en tant
que « support de la fonction symbolique » est donc bien le bord S(Ⱥ) qui fonctionne comme
la nodalité qui rend possible le nouage borroméen du symbolique, de
l’imaginaire et du réel. Et maintenant nous pouvons voir aussi que ce que Lacan
appelle point-de-capiton n’est rien d’autre que ce qui fait cette nodalité.
§ 4. Le Nom-du-Père en tant que signifiant
de la Loi
Dans son écrit sur la psychose (1957-1958), Lacan
définit le Nom-du-Père comme « le signifiant qui dans l’Autre, en tant que
lieu du signifiant, est le signifiant de l’Autre en tant que lieu de la loi »
(Écrits, p.583) pour autant que le Père est l’ « auteur de
la Loi » (ibid., p.556). Et il dit aussi que « Pour que la
psychose se déclenche, il faut que le Nom-du-Père, verworfen, forclos, c’est-à-dire
jamais venu à la place de l’Autre, y soit appelé en opposition symbolique au
sujet. C’est le défaut du Nom-du-Père à cette place qui, par le trou qu’il
ouvre dans le signifié, amorce la cascade des remaniements du signifiant d’où
procède le désastre croissant de l’imaginaire, jusqu’à ce que le niveau soit
atteint où signifiant et signifié se stabilisent dans la métaphore délirante »
(ibid., p.577).
Nous pouvons et devons remarquer là le double
statut de l’Autre : l’Autre en tant que lieu du signifiant et l’Autre en
tant que lieu de la Loi.
L’Autre en tant que lieu de la Loi, c’est,
par définition, le Père, tandis que l’Autre en tant que lieu du signifiant
(autrement dit : le trésor du signifiant ou l’ensemble des signifiants), c’est
la Mère (cf. Écrits, p.813). Donc
le Nom-du-Père est le signifiant de l’Autre (le Père en tant que lieu de la Loi)
qui est Autre que l’Autre (la Mère en tant que lieu du signifiant). Bref :
le Nom-du-Père en tant que signifiant de la Loi est le signifiant de l’Autre-de-l’Autre.
À propos de la Loi et du Père dont il s’agit
là, Lacan, en se référant au mythe que Freud nous présente dans son Totem et
tabou du meurtre du Patriarche [ Urvater ], dit ceci (Écrits, p.556) :
Comment Freud ne la [ l’affinité de l’
« être père » et de l’ « être mort » ] reconnaîtrait-il pas
en effet, alors que la nécessité de sa réflexion l’a mené à lier l’apparition
du signifiant du Père, en tant qu’auteur de la Loi, à la mort, voire au meurtre
du Père, —
montrant ainsi que si ce meurtre est le moment fécond de la dette par où le
sujet se lie à vie à la Loi, le Père symbolique en tant qu’il signifie cette
Loi est bien le Père mort.
La Loi dont il s’agit là est la Loi
originelle de l’interdiction de l’inceste que les fils s’imposent à chacun d’eux-mêmes
tous après avoir tué leur Patriarche [ Urvater ], lequel est maintenant notre Père
qui est aux Cieux, c’est-à-dire à la place transcendante et transcendantale par
rapport au monde des étants, autrement dit à la place de l’être métaphysique. Et
nous, fils des fils qui ont tué leur Patriarche, nous héritons tous la dette [ Schuld,
culpabilité ] d’eux, laquelle constitue notre péché originel [ Erbsünde,
le péché hérité ], et, avec la dette-culpabilité originelle, nous héritons d’eux
la Loi originelle.
Donc le Nom-du-Père est le signifiant de la Loi
originelle qui nous lie à l’interdiction de l’inceste et à la dette-culpabilité
originelle, de sorte que nous sommes coupables du désir incestueux dont nous ne
sommes jamais conscients et du meurtre du Patriarche que nous n’avons jamais
commis.
D’ailleurs, comme le péché originel l’est, notre
dette-culpabilité originelle est impossible à régler ou à réparer de
nous-mêmes, puisque, de nous-mêmes, nous n’avons rien commis à l’endroit de personne.
C’est pourquoi Lacan parle de « la béance impossible à combler de la dette
symbolique » (Écrits, p.303).
Tel est le Nom-du-Père en tant que signifiant de
la Loi présenté dans l’écrit sur la psychose (1957-1958). Mais deux ou trois
ans après, dans la Subversion du sujet (1960), qu’est-ce que Lacan dit
sinon ceci : « il n’y a pas d’Autre de l’Autre. C’est en imposteur
que se présente pour y suppléer, le Législateur (celui qui prétend ériger la
Loi) » (Écrits, p.813). Quel
renversement ! Le trou du manque Ⱥ dans le lieu de l’Autre en tant que trésor du signifiant (cf.
ibid., p.818) est en
fait impossible à combler puisqu’il n’y a pas d’Autre-de-l’Autre qui pourrait
l’obturer. Le Nom-du-Père comme l’Autre-de-l’Autre et l’auteur de la Loi n’est
qu’un faux-semblant. La Loi originelle de l’interdiction de l’inceste elle-même
n’est que quelque chose de mythique. Mais une chose mythique, c’est le réel
qu’elle mythifie, dit Lacan (cf. ibid., p.853).
Quel réel ? C’est le réel que Lacan indique par la formule : « il
n’y a pas de rapport sexuel », c’est-à-dire l’impossibilité (ne pas cesser
de ne pas s’écrire) du phallus patriarcal, sous le primat duquel, selon la supposition
développementaliste de Freud, on pourrait enfin avoir la satisfaction complète
de la pulsion sexuelle.
§ 5.
Le Nom-du-Père en tant qu’agent de la métaphore paternelle
La métaphore paternelle est introduite
dans l’enseignement de Lacan pour formaliser plus clairement la structure
qu’impliquent les notions freudiennes du complexe d’Œdipe et du complexe de
castration (cf. la séance du 22 janvier 1958 du Séminaire V).
Par la substitution du Nom-du-Père au
désir de la Mère, la métaphore paternelle doit « évoquer dans l’imaginaire
la signification du phallus » (cf. Écrits, p.557).
Fig. 7 : la formule de la métaphore
paternelle
Certes, dans les années 1950, le phallus en tant
que signification (Bedeutung) est formalisé simplement avec le mathème φ, le mathème ( − φ ) étant introduit dans l’enseignement de Lacan pour
la première fois dans la séance du 29 avril 1959 du Séminaire VI, mais nous
reformulons ici la métaphore paternelle avec le ( − φ ) qui est défini comme « fonction
imaginaire de la castration » (Écrits, p.825). Le phallus en tant que signification est imaginaire au sens où il
obture le trou de l’être (voir ci-dessous).
Mais qu’est-ce que le « désir de la Mère »
ici plus précisément ?
Notons bien que pour présenter la formule de la
métaphore paternelle, Lacan dit ceci (Écrits, p.577) :
Ceci [ la substitution signifiante ] s’applique ainsi à la métaphore du Nom-du-Père, soit la métaphore qui substitue ce Nom à la place premièrement symbolisée par l’opération de l’absence de la mère.
C’est-à-dire, là où nous attendons « le désir
de la mère », il dit « la place premièrement symbolisée par
l’opération de l’absence de la mère ».
Le mot « absence » se retrouve aussi
dans ce passage-ci (ibid., p.563) :
Essayons
maintenant de reporter la position du sujet telle qu’elle se constitue ici dans
l’ordre symbolique sur le ternaire qui la repère dans notre schéma R.
Il nous
semble bien alors que si le Créé I y assume la place en P laissée vacante de la
Loi, la place du Créateur s’y désigne de ce liegen lassen, laisser en
plan, fondamental, où paraît se dénuder, de la forclusion du Père, l’absence
qui a permis de se construire à la primordiale symbolisation M de la Mère.
« L’absence
de la mère » nous renvoie au jeu de la bobine d’un des petits-fils de Freud, lequel crie O (Fort :
hors) pour l’absence de la mère et A (Da : là) pour sa
présence, ce Fort-Da auquel Lacan se réfère fréquemment dans le
Séminaire IV (1956-1957) et dans le Séminaire V (1957-1958).
Alors, du point de vue topologique, ce qui se
construit au moment de « la symbolisation primordiale de la Mère »,
c’est la place vide de ce qui est là absent, c’est-à-dire le trou Ⱥ
du manque dans le lieu de l’Autre (cf. Écrits,
p.818). Le désir de la mère est ce trou Ⱥ du manque-à-être, c’est-à-dire le
trou irréductible de l’être. Il « se dénude » par la
forclusion du Nom-du-Père qui l’obturait.
Que le désir de la mère soit le trou Ⱥ, Lacan nous en présente une illustration
explicite, 12 ans après D’une question préliminaire, dans la séance du
11 mars 1970 du Séminaire XVII, avec une jolie image de la bouche béante d’un
grand crocodile. Après avoir dit que « je n’ai jamais parlé du complexe d’Œdipe
que sous cette forme [ c’est-à-dire sous la forme de la métaphore paternelle
] », il continue :
Le rôle de la mère, c’est le béguin [4] de la
mère. C’est absolument capital, parce que le béguin de la mère n’est pas
quelque chose qu’on peut supporter comme ça, et qui vous soit indifférent. Ça
entraîne toujours des dégâts.
Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes
— c’est ça, la mère. On ne
sait pas ce qui peut lui prendre tout d’un coup de refermer son clapet. C’est
ça, le désir de la mère.
Alors, j’ai essayé
d’expliquer que ce qu’il y avait rassurant, c’est qu’il y avait un os, comme ça
— je vous dis des choses
simples —, il y
avait quelque chose qui était rassurant — j’improvise un peu —, un rouleau comme ça, bien dur, en pierre,
qui est là en puissance, au niveau du clapet, et ça retient, ça coince. C’est
ce qu’on appelle le phallus, le rouleau qui vous met à l’abri, si tout d’un
coup ça se referme.
Alors, si le désir de la mère est le trou Ⱥ, qu’est-ce qui peut satisfaire ce désir
en comblant ce trou ? Le phallus de l’Urvater mythique dont on
suppose qu’il pouvait satisfaire le désir de toutes les femmes de sa tribu, le
phallus patriarcal Φ [5], « signifiant de la
jouissance » (Écrits, p.823) ?
Oui, certainement, s’il existait. Mais, en fait, il n’y a pas
d’Autre-de-l’Autre qui puisse combler le trou Ⱥ ouvert dans le lieu de l’Autre. C’est-à-dire
le phallus de l’Urvater mythique, le phallus patriarcal Φ, n’est que quelque chose de fictif.
Pourtant, Freud y croit, ce qui est
indiqué par sa notion de l’organisation génitale en tant que stade final de
maturation libidinale sous le primat du phallus Φ. Freud y croit et exige qu’il y ait le phallus Φ qui puisse donner à la
pulsion sexuelle la satisfaction complète. Si on est névrosé, c’est parce qu’on
est fixé à la jouissance immature et insuffisante d’une pulsion prégénitale. La
psychanalyse peut et doit diriger le patient vers la maturation libidinale de l’organisation
génitale en le libérant de la fixation prégénitale.
Mais Lacan y oppose, dès le Rapport de Rome, sa
critique formulée en ce terme de la « mythologie de la maturation
instinctuelle » (Écrits, p.263), ce
qu’il développera dans la formule : « il n’y a pas de rapport
sexuel » présentée comme telle pour la première fois dans son Séminaire
XVI (1968-1969).
Il n’y a pas de rapport sexuel — autrement dit : le phallus
patriarcal Φ n’est qu’un faux-semblant ; en fait,
le phallus sous le primat duquel se réaliserait l’organisation génitale, ne
cesse pas de ne pas s’écrire, c’est-à-dire il est impossible.
Du point de vue topologique donc, la métaphore
paternelle consiste en ceci : au trou Ⱥ qui est
le trou thanatique de l’être (le trou angoissant du néant, de la mort et
du péché originel), le
signifiant du Nom-du-Père en tant que phallus patriarcal Φ qui prétend et fait
semblant de l’obturer, donne la signification sexuelle et érotique du manque phallique
( − φ ). Le
trou de l’être est impossible à obturer, tandis que s’il est le trou du désir
de la Mère à cause du manque phallique ( − φ ) du corps maternel A, on serait permis
de supposer que le Nom-du-Père en tant que phallus patriarcal Φ pourrait le combler, pour
tromper l’angoisse devant le trou (l’angoisse irréductible du néant, de la mort
et du péché originel), à laquelle on peut donner dès lors l’aspect de l’angoisse
de castration.
Fig. 8 : la topologie de
la métaphore paternelle
Telle est la structure
qu’impliquent le complexe d’Œdipe et le complexe de castration (cf. la figure
8).
Et la structure illustrée par notre figure 8
correspond à la structure de l’aliénation et à celle du discours de
l’université.
Fig. 9 : la topologie du cross-cap et le discours
de l’université
Fig. 10 : la structure de l’aliénation et le discours
de l’université
La colorisation des quatre éléments de la
structure apophatico-ontologique est la même dans toutes nos figures 3, 4, 6,
8, 9 et 10 :
bleu :
le disc ou la sphère trouée — la consistance —
l’imaginaire — la
place de l’agent — le savoir
S2 ;
rouge :
la surface möbiusienne —
l’ex-sistence — le
réel-impossible — la
place de la production — le
sujet archi-refoulé $ ;
jaune :
le trou de l’être — la
différence — le
symbolique — la
place de la vérité — le
signifiant maître S1 qui obture le trou (le Nom-du-Père ainsi que le
phallus patriarcal Φ sont un tel signifiant maître) ;
vert :
le bord — la
nodalité — le
réel-nécessaire — la
place de l’autre — le
plus-de-jouir a.
Alors, examinons de notre point de vue topologique
le schéma I (Écrits, p.571) qui
formalise la structure de la psychose de Daniel-Paul Schreber.
Fig. 11 : le schéma I
Dans le schéma I, le P0
représente « le trou creusé dans le champ du signifiant [ c’est-à-dire le
lieu de l’Autre en tant que trésor du signifiant ] par la forclusion du
Nom-du-Père » (Écrits, p.563) et le Φ0 le « trou correspondant [ c’est-à-dire le trou qui correspond au trou
de la forclusion du Nom-du-Père ] à la place de la signification
phallique » (ibid., p.558).
Ces deux trous — le P0 et le Φ0 — sont en
fait un seul et même trou : le trou thanatique de l’être qui est dévoilé
par la forclusion du Nom-du-Père (le phallus patriarcal Φ ou le signifiant maître
S1 qui obturaient le trou) et maintenant privé de sa signification
érotique du manque phallique ( − φ ).
Le domaine R (le réel-nécessaire qui ne
cesse pas de s’écrire) correspond au bord nodal où prolifère maintenant le
plus-de-jouir a en tant que phénomènes hallucinatoires de la voix de l’automatisme
mental et/ou du trou du regard.
C’est-à-dire le schéma I représente le
bord du trou qui est aussi le bord de la surface möbiusienne, avec le trou apophatico-ontologique
dévoilé par la forclusion du Nom-du-Père. Seulement la surface möbiusienne qui
correspond à la localité ex-sistente du sujet $ n’y est pas représentée.
Dans le schéma I n’est pas représenté non plus l’autre
élément de la symptomatologie psychotique : le délire. La signifiance
délirante (Wahnbedeutung) qui fait le primum movens à partir duquel
se développe le délire, c’est le signifiant maître S1 qui se forme à
nouveau à la place de la vérité pour compenser le Nom-du-Père forclos.
Fig. 12 : la structure
psychotique avec l’automatisme mental et la signifiance délirante
Nous pouvons résumer la structure psychotique
comme ceci : d’abord, comme la condition nécessaire du déclenchement de la
psychose, le signifiant maître S1 qui fonctionnait comme le Nom-du-Père
dans la place de la vérité, est forclos pour laisser béant le trou
apophatico-ontologique ; cette béance provoque la prolifération réactive
de l’objet a au bord nodal pour renforcer la nodalité et empêcher par là
la dissociation du nœud borroméen et/ou la compensation de la forclusion du
Nom-du-Père par la signifiance délirante S1 qui se forme à nouveau
dans la place de la vérité pour obturer le trou béant. Comme on le sait bien,
dans les schizophrénies, les deux éléments — les phénomènes hallucinatoires (l’objet a
en tant que voix de l’automatisme mental et/ou regard qui se présente dans le
trou) et la signifiance délirante S1 — sont opérants dans des mélanges variés,
tandis que dans les paranoïas, on n’a que la signifiance délirante S1
qui compense le Nom-du-Père forclos, sans les phénomènes hallucinatoires.
§
6. La forclusion méthodique du Nom-du-Père dans l’expérience psychanalytique
Lacan exige qu’il y ait une fin nécessaire de
l’expérience psychanalytique, non pas seulement des fins qui seraient induites
par des conditions contingentes diverses, pour que la qualification du psychanalyste
puisse être déterminée par le seul fait qu’il a parcouru sa propre expérience
analytique jusqu’au bout.
Fig. 13 : la dialectique du désir sous la ruse de l’amour
Étant donné que le processus de
l’expérience analytique consiste dans la dialectique du désir $ (la
dialectique du sujet $ en tant que désir : cf. la figure 13), la
fin de l’analyse est impossible si le désir $ reste insatisfait dans son
glissement métonymique sans fin, lequel glissement est conditionné dans la
structure du discours de l’université en tant que structure de l’aliénation.
Et comme on le sait, l’opinion que Freud
exprime dans son texte L’analyse finie et l’analyse infinie (1937) est
ceci : l’analyse aboutit nécessairement à l’impasse à cause du complexe de
castration qui prédestine le désir à l’insatisfaction. Seulement c’est pour
autant qu’il pense que la satisfaction véritable du désir consiste dans la
jouissance phallique sous le régime de l’organisation génitale. C’est que Freud
reste aristotélicien dans son éthique : l’éthique de la psychanalyse
freudienne est téléologique.
Quant à Lacan, il n’est pas aristotélicien :
l’éthique de la psychanalyse lacanienne ne peut pas être téléologique, puisque l’organisation
génitale qui est le τέλος du développement libidinal est impossible (ce que veut dire la formule
qu’ « il n’y a pas de rapport sexuel »). Si elle ne peut pas
être téléologique, que serait-elle ? Nous dirons que l’éthique de la
psychanalyse lacanienne est eschatologique, pour autant que la fin de l’analyse
consiste à assumer le trou de l’être et à s’y offrir pour qu’ait lieu son
dévoilement (ἀποκάλυψις) dans notre Dasein.
Lacan se pose la question de savoir quelle
serait une jouissance autre que la jouissance phallique ou une jouissance
au-delà de la jouissance phallique, laquelle puisse mettre fin au glissement
métonymique du désir, sous la condition qu’il n’y a pas de rapport sexuel,
autrement dit, que la jouissance phallique est en fait impossible puisque le
phallus patriarcal Φ qui conditionnerait l’organisation génitale est en fait impossible (ne pas
cesser de ne pas s’écrire).
Et Lacan nous suggère la réponse à cette question cruciale
en nous formulant que « l’amour est la sublimation du désir » et que
« seul l’amour permet à la jouissance de condescendre au désir » (la
séance du 13 mars 1963 du Séminaire X).
C’est-à-dire la jouissance au-delà de la
jouissance phallique est la jouissance de sublimation dans l’amour. Seulement
il s’agit de l’ἀγάπη (l’amour agapétique qui consiste à
« donner ce qu’on n’a pas »), et non pas de l’ἔρως (l’amour
érotique qui consiste à jouir du plus-de-jouir de l’objet a).
Et nous pourrions dire que la dialectique du désir
est dirigée depuis le commencement par l’amour agapétique dans sa ruse, puisque
la dialectique du désir est prédestinée à tomber dans l’impasse conditionnée
par l’impossibilité du phallus patriarcal Φ, et qu’il n’y a pas d’autre possibilité de jouissance que la jouissance
sublimatoire dans l’amour.
Alors, la fin eschatologique de l’expérience
psychanalytique consiste dans la transformation structurale du discours de
l’université en tant que structure de l’aliénation dans le discours de
l’analyste en tant que structure de la séparation (cf. la figure 14).
Fig.14 : le « progès » du
discours de l’université dans le discours de l’analyste
Dans la structure du discours de
l’université en tant que structure de l’aliénation, le trou archéologique du
désir $ reste archi-refoulé dans la place de la production qui est la
place de ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire (l’impossible) par le Nom-du-Père
qui est le signifiant maître S1 à la place de la vérité et qui
obture le trou archéologique de l’être.
Pour qu’ait lieu la
transformation du discours de l’université dans le discours de l’analyste, il
faut que le Nom-du-Père soit forclos de la place de la vérité où il obture le
trou apophatoco-ontologique, dans la place de la production où il est
maintenant le Nom impossible de Dieu, ce Nom qui ne cesse pas de ne pas
s’écrire.
Mais comment serait-il
possible que la psychose ne se déclenche pas chez l’analysant par cette
forclusion pour ainsi dire méthodique du Nom-du-Père ? C’est parce qu’il y
a l’être de l’analyste qui accompagne l’analysant dans l’expérience
psychanalytique, c’est-à-dire qu’il y a l’être analyste $ qui est
le désir déjà sublimé dans sa propre expérience analytique et qui se tient dans
la place de l’autre pour servir de support au désir de l’analysant dont le trou
va se dévoiler par la forclusion du Nom-du-Père.
Si ce support du désir de
l’analyste ne fonctionne pas, le dévoilement du trou apophatico-ontologique
peut provoquer la prolifération réactive des phénomènes hallucinatoires et/ou
la formation compensatoire de la signifiance délirante. Le fait que la psychose
puisse se déclencher au cours de la psychanalyse, est bien connu cliniquement depuis
les années 1950.
La fin eschatologique de
l’analyse consiste en ceci : le sujet $ qui était archi-refoulé
dans la place de la production (la place de ce qui ne cesse pas de ne pas
s’écrire) surgit de là dans la place de l’autre (la place de ce qui ne cesse
pas de s’écrire), en tant que désir sublimé et être analyste. Il s’offre
à l’être pour qu’ait lieu le dévoilement du trou de l’être dans
son Dasein, et il représente maintenant le Nom-de-Dieu S1 qui
ne cesse pas de ne pas s’écrire. Un tel sujet $ mériterait d’être appelé
saint, et c’est pourquoi Lacan le compare effectivement au saint dans un
passage de sa Télévision (Autres écrits, pp.519-520).
À Tokyo, le 17 avril 2020
[1] Il nous faut distinguer dans
l’enseignement de Lacan deux sortes de « réel » : 1) le réel comme
« ce qui revient toujours à la même place », autrement dit, le
nécessaire « qui ne cesse pas de s’écrire » ; 2) le réel comme
l’impossible « qui ne cesse pas de ne pas s’écrire ». Le réel comme
l’impossible correspond à l’ex-sistence, tandis que le réel comme le nécessaire
correspond à la nodalité. Dans les quatre discours, le réel comme l’impossible
correspond à la place de la production, tandis que le réel comme le nécessaire
correspond à la place de l’autre.
[2] Le « sinthome » qui est l’orthographe
ancienne du « symptôme », est un homonyme du « saint
homme ». Cette homonymie n’est pas un jeu de mots gratuit, mais nous
pourrions la situer dans le parcours de Lacan qui s’interroge sur la jouissance
qu’impliquerait la sublimation, lequel parcours part 1) de l’amour courtois (le
Séminaire VII), passe 2) par la jouissance féminine et la jouissance mystique
de sainte Thérèse d’Avila (le Séminaire XX) et 3) par le saint auquel il
compare dans la Télévision l’analyste en tant que celui qui a parcouru
son expérience analytique jusqu’à sa fin, et enfin arrive 4) au sinthome (le
Séminaire XXIII) et 5) à l’escabeau joycien (cf. Joyce le Symptôme) qui
permettrait d’ « élever un objet à la dignité de la Chose » (cette
formule est la définition de la sublimation dans le Séminaire VII). Alors
peut-on considérer le Finnegans Wake comme un produit de la
sublimation ? La réponse de Lacan est négative : « Joyce n’est
pas un Saint » (Autres écrits, p.566), et il n’est pas « un
saint homme tout simple, mais le symptôme ptypé [ typé ] » (ibid.,
p.567).
[3] Dans ses Écrits, Lacan nous
présente cette formule « un signifiant représente le sujet pour un autre
signifiant » pour la première fois dans le texte de 1960 Subversion du
sujet (p.819) tandis que dans ses Séminaires, nous retrouvons la
première présentation de cette formule dans le Séminaire IX Les
identification (1961-1962). Cela nous suggère que Lacan aurait fait
quelques rajouts et remaniements à cet écrit de 1960 avant sa première
publication dans ses Écrits en 1966.
[4] Selon le Grand Robert, le mot « béguin »
signifie une « passion passagère pour quelqu’un » et la locution « avoir un
béguin pour quelqu’un » veut dire « être amoureux de quelqu’un ».
[5] Certes, dans les formules de sexuation, Lacan écrit non-Φ (le symbole Φ avec la barre de
négation sur lui) pour la fonction du phallus patriarcal et Φ pour le prédicat
phallique des fils qui est l’effet de l’identification au phallus patriarcal
comme l’idéal-du-moi masculin et qui leur permet de former l’ensemble de
l’Homme. Mais si nous écrivons φ pour le prédicat phallique des fils, nous
pouvons écrire simplement Φ pour la fonction du phallus patriarcal
(cf. la figure 15).
Fig. 15 : les formules de sexuation
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