Dans son Séminaire XI Les quatre concepts fondamentaux de la
psychanalyse (janvier - juin 1964) et dans son écrit Position de
l’inconscient (mars
1964), Lacan parle de la pulsation temporelle du trou de l’inconscient qui
s’ouvre et se ferme. Ce trou est fait de la coupure inaugurale entre l’être (Seyn) et l’étant (Seiendes), c’est-à-dire ce que Heidegger appelle différence ontologique.
Nous l’appelons
trou apophatico-ontologique, puisque dans l’ontologie dont il s’agit dans la
psychanalyse, l’être est barré : être. Heidegger écrit : Sein
ou Seyn.
Je crois que c’est à partir de là que Lacan a inventé son
mathème du sujet barré : $.
Les corrélations
se posent :
la fermeture de
l’inconscient —
l’aliénation — le
discours de l’université ;
l’ouverture de
l’inconscient — la
séparation — le
discours de l’analyste.
Dans Les quatre
concepts fondamentaux de la psychanalyse et la Position de l’inconscient, Lacan
nous présente une interprétation originale du cogito cartésien. Nous pourrions
maintenant la lire à partir des quatre discours et de la topologie
apophatico-ontologique du cross-cap.
Dans le mouvement
logique du cogito (dubito) ergo sum, le dubito forclôt le signifiant maître S1 qui
se situe dans la place de la vérité (jaune) dans le discours de l’université
(la structure de l’aliénation), et par là est induit le « progrès » — c’est-à-dire le mouvement contraire à la régression
(cf. Radiophonie) — du
discours de l’université dans le discours de l’analyste (la structure de la
séparation) où le signifiant maître S1 se situe, en tant que signifiant forclos
(impossible) qui ne cesse pas de ne pas s’écrire, dans la place de la
production (la place ex-sistente de l’être, la surface möbiusienne :
rouge) tandis que le sujet $ émerge de la place de l’être dans la place
de l’autre (le bord : vert). Et c’est par cette émergence du sujet $ en
tant qu’ouverture du trou apophatico-ontologique (blanc) que s’achève le
mouvement logique : ergo sum. Si Lacan appelle cartésien le sujet $, c’est
dans la mesure où il se manifeste en tant que trou de ce sum dans la structure
de la séparation.
Ce mouvement de
progrès constitue la phase d’ouverture de la pulsation temporelle du trou
apophatico-ontologique.
Alors, s’il y a le
progrès, il y a la régression du discours de l’analyste (la structure de la
séparation) au discours de l’université (la structure de l’aliénation). Et la
régression constitue la phase de fermeture de la pulsation temporelle.
En effet, dans la
structure de l’aliénation (le discours de l’université), le trou apophatico-ontologique
est colmaté par le signifiant maître S1 dans la place de la vérité. Pour
Descartes, ce S1 est la vérité métaphysique de la scolastique qu’il rejette par
son doute méthodique.
Le mouvement de
progrès est motivé par ce que Freud appelle Primärvorgang (processus primaire)
ou Lustprinzip (nous préférons de l’appeler principe de la jouissance plutôt
que principe du plaisir). Par là on veut faire le progrès développemental du
plus-de-jouir prégénital dans la jouissance génitale, mais ce mouvement aboutit
non pas à l’organisation génitale mais au trou ouvert du sujet $ dans la
structure de la séparation (le discours de l’analyste) parce qu’il n’y a pas de
rapport sexuel.
La formule
lacanienne du « il n’y a pas de rapport sexuel » veut dire l’impossibilité
de ce que Freud appelle organisation génitale, et cela parce que le phallus patriarchal
Φ (le phallus de l’Urvater, celui du stade de maturation libidinale) ne cesse
pas de ne pas s’écrire (impossible).
Cette ouverture
du trou provoque l’angoisse qui est l’angoisse de castration dans les contextes freudiens, mais qui est en fait l’angoisse de la mort (l’angoisse thanatique).
Cette angoisse
provoque le mouvement de régression de la structure de la séparation (le
discours de l’analyste) à la structure de l’aliénation (le discours de
l’université) où on peut jouir du plus-de-jouir prégénital dans l’objet a.
La pulsation
temporelle du trou apophatico-ontologique qui s’ouvre (la séparation) et se
ferme (l’aliénation) se répète jusqu’au moment de la fin de l’analyse où s’achève
la jouissance de sublimation du désir dans l’ouverture du trou du sujet $ qui
rejette de façon définitive le plus-de-jouir a.
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