2025年1月21日

The answer to a question about universal, particular and singular


The answer to a question about universal, particular and singular



In the teleconference of the Slovenian Association for Lacanian Psychoanalysis last Saturday (18 January 2025), after my talk, a question arose concerning Lacan's intervention following André Albert's talk Le plaisir et la règle fondamentale in the meeting of the EFP of June 1975. The texts can be downloaded by this link.

The fundamental rule for the analysand in the psychoanalytic experience is to say whatever comes into his mind, even if it seems unpleasant, absurd, insignificant or impertinent. And André Albert asks himself what the relationship is between this fundamental rule and the pleasure principle, since Lacan says in the session of 13 March 1973 of his Seminar Encore that “to say everything the very instruction of the analysand's discourse is what leads to the Lustprinzip in the most direct way”.

Let's note that Lacan says Lustprinzip, not pleasure principle. And in his intervention after André Albert's talk, he makes it clear that it's not a question of pleasure, but of jouissance: the Lustprinzip means the principle of jouissance that will lead us to the satisfaction of the death instinct, where tension would be reduced to zero.

Apophatic ontology allows us to say that the fundamental rule confronts the analysand directly with the edge of the apophatico-ontological hole. And the closer he is to the edge of the hole, the more unpleasant and angstful his ideas and feelings become. And these ideas and feelings, which become more and more unpleasant and angstful, the analysand should tell them all, according to the fundamental rule, in order that the transformation from the discourse of the university to the discourse of the analyst can take place.

But the question I've been asked doesn't concern this relationship between the fundamental rule and the Lustprinzip, but the last sentence of Lacan's speech, where he says that in psychoanalysis “our intention is not at all to lead someone to make a name for themselves or to create a work of art. It's something that consists in inciting him to pass through the right hole of what is offered to him as singular.” So the question arises as to why Lacan is talking here about the singular hole, whereas the apophatico-ontological hole is something fundamental and therefore universal.

In fact, the focus of Lacan's talk is the word singular that he noticed in André Albert's presentation, who formulated the fundamental rule as follows: “Say everything that comes into your mind, but don't omit anything singular, even if it is so singular that you can't recognise it by any particularity”. But when Lacan says that the analyst will encourage the analysand “to pass through the hole of what is offered to him as singular”, he is no longer talking about the fundamental rule, but about the moment of the pass, that is, the eschatological moment of psychoanalytic experience. What's more, he mentions the logical triad of singular, particular and universal, whereas André Albert doesn't use this third word. We can assume, then, that Lacan is thinking of Hegel’s dialectical movement of Begriff, which starts from das Allgemeine and arrives, via das Besondere, at das Einzelne.

Hegel develops this dialectical movement of Begriff in his Wissenschaft der Logik and his Enzyklopädie der philosophischen Wissenschaft. What he calls Begriff is not what we ordinarily call a concept, but, as der Geist in the Phänomenologie des Geistes, the subject $ in its dialectical movement which starts from the immediate and abstract an sich to arrive, via alienation, at the absolutely mediated and real an und für sich. So first of all the universal (das Allgemeine) is the hole of the subject $ in the discourse of the master; then the particular (das Besondere) is his division or difference from himself in alienation, that is, in the discourse of the university; and finally the singular (das Einzelne) is the hole of the subject $ which emerges and opens (aufgehen) in the discourse of the analyst.

Thus, when Lacan says that the hole at the moment of the pass is singular, this word singular is to be placed in the context of Hegel’s dialectic of Begriff where it designates the eschatological moment of Aufgehen of the hole of the subject $, which hole is universal at the archaeological moment.

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La réponse à une question concernant l’universel, le particulier et le singulier



Dans la téléconférence de l’Association slovène de la psychanalyse lacanienne le samedi denier (le 18 janvier 2025), après mon exposé, une question s’est posée qui concernait l’intervention de Lacan à la suite de l’exposé d’André Albert Le plaisir et la règle fondamentale fait dans les journées du mois de juin 1975 de l’EFP. On peut en télécharger les textes.

La règle fondamentale pour l’analysant dans l’expérience psychanalytique consiste à dire tout ce qui lui vient dans la tête même s’il lui semble désagréable, absurde, insignifiant ou impertinent. Et André Albert se demande quels sont les rapports entre cette règle fondamentale et le principe de plaisir, puisque Lacan dit dans la séance du 13 mars 1973 de son Séminaire Encore que « dire n’importe quoi consigne même du discours de l’analysant est ce qui mène au Lustprinzip de la façon la plus directe. »

Notons que Lacan dit là Lustprinzip, non pas principe de plaisir. Et dans son intervention après l’exposé d’André Albert, il nous précise qu’il ne s’agit pas du plaisir, mais de la jouissance : le Lustprinzip veut dire le principe de jouissance qui va nous mener à la satisfaction de la pulsion de mort, dans laquelle la tension se réduirait à zéro.

L’ontologie apophatique nous permet de dire comme ceci : la règle fondamentale confronte l’analysant de façon directe au bord du trou apophatico-ontologique. Et plus il est proche au bord du trou, plus il a des idées et des sentiments déplaisants et angoissants. Et ces idées et sentiments qui deviennent de plus en plus déplaisants et angoissants, l’analysant doit les dire tous selon la règle fondamentale pour que se produise la transformation du discours de l’université au discours de l’analyste.

Mais la question qu’on m’a posée ne concerne pas ce rapport de la règle fondamentale et le Lustprinzip, mais la dernière phrase de l’intervention de Lacan qui dit là que dans la psychanalyse « notre intention, ce n’est pas du tout de conduire quelqu’un à se faire un nom ni à faire une œuvre d’art. C’est quelque chose qui consiste à l’inciter à passer dans le bon trou de ce qui lui est offert, à lui, comme singulier. » Alors la question se pose de savoir pourquoi Lacan parle là du trou singulier tandis que le trou apophatico-ontologique est quelque chose de fondamental et donc d’universel.

En effet, ce qui fait le foyer de l’intervention de Lacan, c’est le mot singulier qu’il a remarqué dans l’exposé d’André Albert, lequel formulait la règle fondamentale de façon suivante : « Dites n’importe quoi de ce qui vous passe par la tête, mais n’omettez point quelque chose de singulier, de si singulier même que vous ne pourriez le reconnaître à aucune particularité. » Mais quand Lacan dit que l’analyste veut inciter l’analysant « à passer dans le trou de ce qui lui est offert, à lui, comme singulier », il ne s’agit plus de la règle fondamentale, mais du moment de la passe, c’est-à-dire le moment eschatologique de l’expérience psychanalytique. Et remarquons en plus qu’il mentionne là la triade logique du singulier, du particulier et de l’universel, tandis qu’André Albert n’utilise pas ce troisième mot. Alors nous pouvons supposer que Lacan pense au mouvement dialectique hégélien du Begriff qui part de das Allgemeine pour arriver, en passant par das Besondere, à das Einzelne.

Hegel développe ce mouvement dialectique du Begriff dans sa Wissenschaft der Logik et son Enzyklopädie der philosophischen Wissenschaft. Ce qu’il appelle Begriff n’est pas ce que nous appelons ordinairement concept, mais, comme l’est der Geist dans la Phänomenologie des Geistes, le sujet $ dans son mouvement dialectique qui part de l’an sich immédiat et abstrait pour arriver, en passant par l’aliénation, à l’an und für sich absolument médié et réel. Donc tout d’abord l’universel (das Allgemeine) est le trou du sujet $ dans le discours du maître ; ensuite le particulier (das Besondere) est la division ou la différence d’avec soi-même dans l’aliénation, c’est-à-dire dans le discours de l’université ; et enfin le singulier (das Einzelne) est le trou du sujet $ qui surgit en s’ouvrant et s’ouvre en surgissant (aufgehen) dans le discours de l’analyste.

Ainsi, quand Lacan dit que le trou au moment de la passe est singulier, ce mot singulier est à placer dans le contexte de la dialectique hégélienne du Begriff où il désigne le moment eschatologique de l’Aufgehen du trou du sujet $, lequel trou est universel au moment archéologique.

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